Malgré l’euphorie née de l’élection de Barack Obama, il a été dit et répété que le nouvel hôte de la Maison blanche n’en défendrait pas moins d’abord les intérêts de son pays. A juste titre…
Hier, dans la droite ligne de W. Bush et de ses prédécesseurs, le président Obama a tout naturellement livré un plaidoyer de plus pour l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne qui, en l’état des traités, ne peut que provoquer la paralysie voire l’explosion de cette dernière.
Bref, les Etats-Unis aiment l’Europe, mais l’Europe à genoux, de sorte qu’ils pourront indéfiniment compter sur sa docilité dans les échanges commerciaux comme dans la stratégie diplomatique et militaire. A cet égard, la réincorporation de la France dans le commandement militaire intégré d’une OTAN sans rôle ni raison d’être clairement définis, a dû être une « divine surprise » pour le nouveau président américain.
A l’approche des élections européennes, la résurgence de la question turque a par ricochet donné lieu à de bien curieuses passes d’armes médiatiques entre Nicolas Sarkozy et Philippe de Villiers, qui semblent l’un et l’autre soucieux de mettre en scène une espèce de rivalité dans l’opposition à l’entrée d’Ankara dans l’Europe. Comme s’ils avaient quelques petites choses à faire oublier…
Car, oui, des petites choses, il y en a ! Ainsi, le président de la République n’a cessé ces dernières années de clamer son hostilité à l’adhésion turque, usant et abusant des arguments sérieux qui, en effet, s’y opposent. Mais le problème, c’est que les actes n’ont pas suivi, c’est bien le moins qu’on puisse dire !
Alors qu’il demandait la suspension de toutes les négociations d’adhésion quelques mois avant l’élection présidentielle, depuis son installation à l’Elysée le nouvel hôte de l’Elysée a ouvert… plusieurs nouveaux chapitres de négociation avec les Turcs. Il a également imposé le traité de Lisbonne, copie conforme de la Constitution européenne rejetée par le référendum souverain, un traité qui, de l’aveu même d’Angela Merkel, est la clé institutionnelle de l’adhésion turque. Enfin, il a supprimé l’obligation de référendum pour l’adhésion de nouveaux pays candidats à l’UE, faisant échouer tout amendement qui l’aurait maintenu pour des pays au peuplement important (j’avais moi-même défendu à l’Assemblée le seuil de 10 millions d’habitants), preuve que c’était bien l’obstacle à l’entrée turque qu’il voulait lever (mâtinée, peut-être, de sa profonde détestation pour le référendum). Bref, sur la Turquie, comme sur Gandrange ou l’Afghanistan, les actes ne cessent de contredire le discours…
Le brutal changement de cap de Philippe de Villiers à l’égard de son ami de l’Elysée ne fait pas davantage illusion : inerte lors du coup de force parlementaire de Lisbonne en février 2008, habitué des visites à l’Elysée, se présentant lui-même comme le « flotteur droit » de la majorité présidentielle, affilié pour les élections de juin à une organisation favorable à l’entrée de la Turquie en Europe, Philippe de Villiers s’en prend tout à coup à Nicolas Sarkozy avec vigueur. Décidément, les élections européennes approchent…
Au-delà de ces affrontements factices, faits pour amuser la galerie, abuser les Français et conserver des places, le danger de l’adhésion turque reste, lui, entier. DLR le combat invariablement depuis plus de 5 ans. C’est aussi pour garantir aux Français l’existence d’une voie sans équivoque sur ce dossier que nous nous sommes, loin des Tartuffes en tout genre, engagés dans les élections européennes.
NDA